jeudi 19 septembre 2013

Le rapport de Brodeck - Philippe Claudel

Titre : Le rapport de Brodeck
Auteur : Philippe Claudel
Editeur : Stock
Nombre de pages : 400
Date de parution : 14 août 2007
 
Quatrième de couverture :
Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache.
Moi ne n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.
Mais les autres m'ont forcé : "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études". J'ai répondu que c'étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d'ailleurs, et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir : "Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses. Ca suffira. Nous on ne sait pas faire cela. On s'embrouillerait, mais toi, tu diras, et alors ils te croiront".
 
Mon avis :
Ce roman, qui pour moi semble le témoignage vrai d'un homme vrai, est un livre difficile à lire, bouleversant et, qui nous remet en question, qui remet en question l'humanité. Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, car ceci reviendrait à dire que j'ai aimé l'horreur, la souffrance, l'inhumanité et la noirceur qui hantent ces pages. Pour autant, ce récit est magnifique, intense et malheureusement nécessaire pour ne pas oublier.
 
Nécessaire car je n'arriverai jamais, malgré mes nombreuses lectures (romans, essais, témoignages) à comprendre la folie humaine, le besoin pour un être humain (homme ou femme, d'ailleurs) de faire souffrir, d'humilier, d'anéantir un de ses semblables. Car entendons-nous bien, tous les êtres humains, quels qu'ils soient sont identiques... Je suis peut-être trop naïve, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi tant de personnes en détestent d'autres au point d'en commettre des actes affreux. Chaque page de l'ouvrage de Philippe Claudel dépeint toute cette monstruosité qui pourrie le monde, à m'en faire venir la nausée. Chaque page montre les faiblesses humaines, ne cherchant pas à les excuser, mais plutôt d'essayer vainement, de comprendre ce qui pousse un individu à agir ainsi... Et comment un seul homme, avec une idéologie infâme, peut-il ainsi entraîner des millions d'hommes à la mort ?
 
J'ai toujours, depuis mes années collège et l'étude de ces périodes sombres de l'histoire, été horrifiée (le mot n'est certainement pas assez fort) de voir jusqu'à quel point l'humain peut tomber bas. J'imagine la douleur, le courage aussi qu'il a fallu à l'auteur de ce roman, pour essayer de raconter tout cela. Tout au long du livre, Brodeck nous raconte l'atrocité qu'il a vécu, qu'il vit, que d'autres ont vécu, mais aussi les poisons que lui-même a pu infliger à d'autres. Mais Brodeck, à travers ces pages, semble tellement différent de ces bourreaux, car il a conscience de l'horreur, de la rage, des ténèbres berçant ce monde et il en a honte ; cette honte le ronge. Il m'a été très sympathique, j'ai eu parfois envie de le prendre dans mes bras, comme le ferait une mère, et de le rassurer, le protéger...
 
Souvent, à cette lecture, les larmes me sont venu, la douleur étant trop intense, les émotions tellement forte que j'ai dû fermer le livre, je mettre de côté un moment. Mais le talent de Philippe Claudel et la voix de Brodeck m'obsédaient tellement, jusqu'à n'en plus pouvoir dormi, qu'il me fallait continuer.
Ce récit vivra en moi, encore longtemps. L'auteur signe ici une œuvre majestueuse, émouvante, intense et horrible à la fois. Ce livre est nécessaire et, il me plait à croire que grâce à de tels ouvrages, lu par des millions, permettront que de telles atrocités ne se répètent plus jamais...
 
Extraits :
"La guerre... Peut-être les peuples ont-ils besoin de ces cauchemars. Ils saccagent ce qu'ils ont mis des siècles à construire. On détruit ce qu'hier on louait. On autorise ce qu'on interdisait. On favorise ce que jadis on condamnait. La guerre, c'est une grande main qui balaie le monde. C'est le lieu où triomphe le médiocre, le criminel reçoit l'auréole du saint, on se prosterne devant lui, on l'acclame, on l'adule. Faut-il donc que la vie paraisse aux hommes d'une si lugubre monotonie pour qu'ils désirent ainsi le massacre et la ruine ? Je les ais vus bondir au bord du gouffre, cheminer sur son arête et regarder avec fascination l'horreur du vide dans lequel s'agitaient les viles passions. Détruire ! Souiller ! Violer ! Egorger ! Si tu les avais vus..."
 
"L'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur. L'une et l'autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrène qui ne demande qu'à se propager."
 
"Moi, j'ai choisi de vivre et ma punition, c'est ma vie. C'est comme cela que je vois les choses. Ma punition, ce sont toutes les souffrances que j'ai endurées ensuite. C'est "Chien Brodeck". C'est le silence d'Emelia, que parfois j'interprète comme le plus grand des reproches. Ce sont les cauchemars toutes les nuits. Et c'est surtout une sensation perpétuelle d'habiter un corps que j'ai volé jadis grâce à quelques gouttes d'eau."

8 commentaires:

  1. Et je suis ravie de t'annoncer qu'il est dans ma PAL ! :-)

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    1. Tu m'en vois ravie, car je suis certaine que cette lecture t'intéressera vraiment. Il faut juste prendre son temps.

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    1. C'est en effet une lecture inoubliable et très émouvante.

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  3. j'avais vraiment adoré cette lecture aussi.

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  4. un superbe livre qui existe aussi en livre audio, ravie d'ajouter un blog à ma longue liste

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    1. Je n'ai encore jamais testé les livres audio, mais cela me tente de plus en plus (lire en repassant ! le top). Je file découvrir ton blog.
      A bientôt et merci à toi pour ce partage.

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